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Télétravail : la pression temporelle
Le confinement et le couvre-feu ont été une aubaine pour le philosophe Pascal Chabot qui a pu consacrer du temps à son projet personnel et créatif. Dans son nouvel essai intitulé "Avoir le temps", il rappelle que l'emploi du temps a été inventé il y a 1500 ans, à l'époque du partage des activités entre travail et prière dans les communautés religieuses européennes. Cette invention a été mise en place avec l'apparition des règles monastiques où les cloches réglaient les activités et les consciences. Ces règles garantissaient une bonne gestion, la prévisibilité et l'alternance des rythmes.
Pression temporelle
Le modèle de l'emploi du temps, créé il y a environ 1500 ans dans les communautés religieuses européennes avec l'apparition des règles monastiques, a inspiré le monde industriel qui l'a largement adopté dans les usines et les bureaux. Cependant, il est en train d'être abandonné dans de nombreux secteurs. Est-ce une bonne chose ? N'était-il pas coercitif de suivre la règle de Taylor ? Il y a certainement une opportunité d'émancipation.

Avant l'apparition des emplois du temps, les paysans ne se disaient pas "Je vais faucher ce champ en 2h30". Ce type de compartimentage est abstrait et va à l'encontre de la vie même, où il est préférable que le travail ou l'œuvre dicte sa propre temporalité. Par exemple, construire un mur en pierres sèches ou écrire un chapitre prend le temps que cela nécessite. Le télétravail permet d'essayer de retrouver un rapport au temps plus fluide et plus spontané, et parfois cela fonctionne. Nous sommes en train d'inventer une nouvelle façon de travailler, basée sur un polyphasage où l'on peut travailler, expédier des e-mails, lire un livre ou cuisiner en milieu d'après-midi.

Selon le philosophe Yves Citton, dans son ouvrage "Pour une écologie de l'attention", une évolution est en cours depuis des décennies, où ce qui était autrefois réservé à une élite se généralise. Dans le capitalisme industriel classique, un employé vendait sa force physique pendant un temps de travail prédéfini, et la quantité de richesses produites était proportionnelle au nombre d'heures travaillées. Cependant, avec le capitalisme cognitif, cette règle de proportionnalité ne s'applique plus. Les tâches à accomplir, telles que la rédaction d'un rapport, la résolution de problèmes informatiques ou la conception d'une campagne d'influence, ne garantissent plus une productivité linéaire en fonction du temps de travail. Il est possible de passer 12 heures par jour à travailler sur une fausse piste et ne rien produire pendant une semaine, ou à l'inverse, l'idée décisive peut surgir d'un déclic survenant pendant un week-end ou au lit. Autrefois, seuls les savants et les artistes avaient la possibilité de travailler de manière non linéaire, où la productivité n'était pas en proportion avec le nombre d'heures travaillées. Ce régime temporel spécifique se démocratise.


HYPERTEMPS ET CONTRAINTE TEMPORELLE

Comment peut-on alors parler d'arrivée de la liberté ? Malheureusement, ce n'est pas le cas car il y a plusieurs obstacles à surmonter. Tout d'abord, nous devons faire face à quelque chose de pire que l'emploi du temps, à savoir l'hypertemps, selon l'expression de Pascal Chabot. En effet, nos ordinateurs, téléphones et la présence constante des horloges nous synchronisent en permanence. Les messages et les e-mails que nous recevons nous donnent des injonctions qui ne sont pas toujours explicites. C'est paradoxal : même si le compartimentage de l'emploi du temps a été abandonné, la contrainte temporelle reste omniprésente.

Yves Citton partage également le constat que la pression pour travailler en dehors des heures de travail conventionnelles est exacerbée par la prise de conscience de la crise économique et de la fragilité de nos organisations interconnectées. Les travailleurs ne travaillent pas seulement en dehors des heures de travail parce qu'ils sont surveillés, mais plutôt parce qu'ils se sentent menacés par la possibilité de perdre leur emploi et que leur performance affecte les intérêts collectifs de l'entreprise. Afin de préserver le modèle organisationnel, les travailleurs s'efforcent de répondre aux attentes de leurs supérieurs et de leurs collègues, sans tenir compte de la culture syndicale de négociation ou de conflit. Cette pression constante pour travailler sans relâche est intensifiée par les technologies telles que les courriels et les visioconférences.

Une autre difficulté réside dans la perturbation de la vie de couple ou de famille causée par l'utilisation des écrans. Il y a un risque de faire imposer son propre rythme d'utilisation des écrans aux autres membres de la famille. Lorsque je suis concentré sur mon écran, cela crée un temps hyper-focalisé à la maison et les autres membres de ma famille, tels que mes enfants, ne voient pas l'activité en cours, mais seulement une forme d'abstraction. En conséquence, je les prive de ma présence et je peux même les empêcher de communiquer entre eux.

Enfin, l'utilisation d'appareils connectés pour travailler peut entraîner une déconnexion avec l'environnement physique réel. Les réunions Zoom sont devenues l'emblème de cette interaction appauvrie. En utilisant ces plateformes, nous créons un espace de rencontre isolé de notre environnement réel, ce qui est étrange. Prenons l'exemple des colloques universitaires : pourquoi voyager en avion et se loger à l'hôtel pour rencontrer des chercheurs, ce qui est coûteux et polluant, alors qu'on peut partager des présentations via Zoom ? La réponse est simple : la plupart des bonnes idées et des opportunités de collaboration fructueuses émergent des échanges informels lors de ces événements en personne. Zoom se concentre sur le cœur formel de la réunion de travail, mais il nous prive de la richesse de l'environnement collaboratif. Nous sommes donc confrontés à un moment traumatisant où nous sommes coupés de ces relations nourrissantes qui rendent le travail si intéressant.

Dans ce contexte, alors que les organisations et les managers se concentrent malheureusement sur des solutions techniques pour faire face à la crise, la situation est à la fois positive et négative. Nous voici plongés dans l'ère de l'hypervie active, où les êtres humains sont accueillis à bras ouverts.

© Quasar Lille
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Pour aller plus loin :
Avoir le temps
Pascal Chabot, PUF,  février 2021
Pour un écologie de l'attention
Yves Citton, Seuil, 2014
Enquête sur la fusion du travail et de la vie
A.Lacroix, Philosophie Magazine, novembre 2020

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