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Faut-il douter de tout ?
L'esprit critique est une arme indispensable contre les fausses évidences, mais il ne faut pas tomber dans le piège de douter de tout, ce qui peut mener à l'ignorance. Il est important de savoir en qui et en quoi avoir confiance pour développer une autodéfense intellectuelle efficace. Pendant notre enfance, nous sommes souvent crédules et faisons confiance à nos parents, qui nous font parfois croire en des personnages fictifs comme le Père Noël.
Douter de tout
Avec l'expérience, nous découvrons que le monde est rempli de menteurs et de charlatans, et nous apprenons à remettre en question les affirmations des autres, y compris celles des experts et des personnes en position d'autorité, à la lumière d'escroqueries et de scandales impliquant des scientifiques ou des experts qui sont souvent largement relayés par les médias.


Le dessin du bonhomme

Si je ne peux pas me fier aux autres, que faire ? Me fier uniquement à moi-même ? Parfois, nous avons des intuitions fortes, des certitudes explosives. Peut-être que je pourrais simplement expérimenter directement pour constater qu'un remède fonctionne ou qu'une stratégie est efficace, sans avoir besoin de l'avis potentiellement erroné d'une tierce personne.

Nous avons tous des convictions profondes basées sur notre expérience personnelle, mais peut-on vraiment s'y fier ? En 1967, l'étude désormais célèbre de Jean et Loren Chapman, de l'université du Wisconsin, a porté sur un test utilisé parfois par les psychologues pour enfants : le dessin du bonhomme. Beaucoup de praticiens pensaient alors que le dessin du bonhomme était révélateur du développement moteur, intellectuel et de la personnalité du patient. Les experts avaient remarqué que les enfants souffrant de problématiques paranoïaques dessinaient souvent les yeux de manière plus détaillée que les autres.

Les experts n'étaient pas les seuls à croire que le dessin était un reflet de la personnalité des enfants. Pour renforcer cette croyance, les Chapman ont créé des fiches présentant des dessins associés à des descriptions, tels que le dessin d'un personnage avec une grosse tête étant associé à une personne préoccupée par son intelligence. Cette idée largement répandue a été invalidée par la suite par quatre études successives, mettant en évidence la fausseté de cette théorie.

Cette anecdote illustre que nous avons tendance à percevoir des relations entre les choses qui n'existent pas réellement, simplement parce que cela nous semble logique. Cette erreur peut se produire dans tous les domaines, y compris ceux où nous avons une expertise. Par conséquent, il est judicieux de remettre en question non seulement les autres, mais également nos propres croyances et de ne considérer comme valable que ce qui est solidement étayé par des arguments solides.

On peut penser que se fier à des arguments logiques est une bonne stratégie, mais en réalité, il est souvent difficile pour nous-mêmes de juger de leur pertinence, car cela nécessite des connaissances spécifiques dans chaque domaine. En effet, chaque discipline a sa propre logique et ce qui peut être considéré comme une preuve solide en comptabilité ne l'est pas forcément en gestion des ressources humaines. Les méthodes et les arguments diffèrent grandement. En outre, il est difficile pour une personne extérieure à un domaine de mesurer la portée d'un argument dans ce domaine. Enfin, les erreurs de logique sont fréquentes et les sophismes, des arguments fallacieux qui semblent logiques, sont couramment utilisés par les manipulateurs.

Serait-il judicieux de remettre en question presque tout, sauf les résultats étayés par des preuves indéniables dans un domaine spécifique ? Cette tentation est celle des sceptiques. Dans l'Antiquité, le scepticisme était considéré comme une voie de sagesse en philosophie. Nous devons admettre que nous ne connaissons rien avec certitude, ce qui implique qu'il vaut mieux suspendre notre jugement et ne rien affirmer du tout. Timon de Phlionte, disciple de Pyrrhon, explique que la suspension de notre jugement nous conduit à l'aphasie (ne rien affirmer du tout), puis à l'ataxie (le bonheur de n'avoir aucun trouble). Rien que cela !

Bien que cette posture philosophique puisse sembler sage, elle est difficilement réalisable en pratique. En effet, il est difficile de vivre sans croire en quoi que ce soit, en renonçant à toute connaissance ou jugement. Comment choisir entre deux opinions opposées ? L'immobilisme peut s'installer. Cependant, les avantages du doute sont indéniables : ne pas tomber dans le piège des manipulateurs, ne pas se tromper. Toutefois, le prix à payer est élevé : une ignorance totale. Le refus de toute confiance, que ce soit en l'autre, en soi-même ou en tout argument logique, abolit la raison et empêche d'agir.

Pour bénéficier des avantages du scepticisme sans subir les conséquences de l'ignorance, il faut cultiver l'art d'un doute raisonnable : l'esprit critique.


L'art de l'esprit critique

Au lieu de rejeter complètement toute confiance, il est plus sage de réguler notre niveau de confiance en fonction de la fiabilité de la source, de l'argument ou de notre propre jugement. Les successeurs modérés proposent une approche appelée "l'esprit critique", "la zététique" ou "l'autodéfense intellectuelle". Contrairement à la position de Pyrrhon, cette méthode de doute raisonnable ne considère pas les connaissances comme ternaires, où l'on ne peut être que certain de la véracité, de la fausseté ou de l'ignorance concernant une hypothèse.

Selon les recherches en psychologie, les croyances humaines se situent sur un continuum, où nous n'adhérons jamais complètement à nos croyances. Nous leur attribuons un niveau de fiabilité qui peut être compris comme une probabilité. Par exemple, si je n'ai aucune idée de l'efficacité somnifère de la verveine, je peux simplement suspendre mon jugement et attribuer une valeur de 50% à sa probabilité. En revanche, je peux croire à un certain degré à l'existence des extraterrestres, mais refuser de parier gros sur cette croyance, n'y adhérant que partiellement.

Les pyrrhoniens avancent que pour chaque hypothèse, il existe des arguments en faveur et des arguments contre, et que par conséquent, une certitude absolue est impossible à atteindre, ce qui conduit à la suspension du jugement. En revanche, les partisans de l'esprit critique, également appelé autodéfense intellectuelle, admettent les deux premiers points et reconnaissent la difficulté d'atteindre une certitude absolue. Toutefois, ils estiment qu'il est possible de prendre position, même si cette position est nuancée, en fonction de la fiabilité des arguments.

Plutôt que de suspendre son jugement sur toutes les questions, en raison de l'impossibilité de parvenir à une certitude absolue, il est préférable de réguler finement notre niveau d'adhésion en tenant compte de la fiabilité des différentes sources et arguments. Dans cet esprit, la raison nous pousse à ajuster notre niveau de confiance et de croyance en fonction des risques d'erreur et de la confiance que nous avons en nous-mêmes et en autrui. C'est précisément dans ce calibrage que le coaching se révèle être un outil puissant.


Coaching et autodéfense intellectuelle

Premièrement, il est important de reconnaître et d'appréhender le risque : il n'y a pas de connaissance absolue. Même le consensus scientifique peut être erroné et les expériences les mieux élaborées peuvent présenter des défauts inaperçus. C'est ainsi que croire implique toujours un risque acceptable d'erreur. La croyance implique la vérification et l'expérimentation.

Deuxièmement, il est important d'être disposé à réviser ses croyances chaque fois qu'une nouvelle information ou un nouvel argument raisonnable se présente. Le coaching, en visant l'autonomie intellectuelle du client, doit emprunter cette voie de calibrage. Dans l'art de la calibration lors d'un coaching, il y a quelque chose de l'esprit scientifique, quelque chose de l'esprit journalistique également. C'est quelque chose qui peut être transmis et appris, je suis convaincu de cela.

Alors faut-il avoir des doutes sur tout ? En fin de compte, ce qui importe, c'est la confiance que nous accordons, une confiance dont le niveau doit être ajusté de manière raisonnable, et qui nous pousse à réviser nos opinions de manière optimale. Le coaching conduit à l'ajustement du niveau de confiance et de croyance.

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Pour aller plus loin :
*Sciences Humaines, n°323, 2020
Nicolas Gauvrit et Audrey Bedel, laboratoires Cognitions humaine et artificielle
Ecole pratique des hautes études.
*Des têtes bien faites.
Nicolas Gauvrit et Sylvain Delouvée. Puf, 2019
*Genesis of popular but erroneous psychodiagnostic observations
Loren et Jean Chapman vol LXXII, n°3, 1967
*Pyrrhon ou l'apparence
Marcel Conche, Puf, 1994
*Critical thinking. Why it is so hard to teach ?
Daniel Willingham, American Educator, 2007
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