Dans nos interactions quotidiennes, il nous arrive parfois d'observer qu'une personne semble réussir ou échouer selon les attentes que son entourage nourrit à son égard. Ce phénomène, à la fois fascinant et complexe, porte un nom : l'effet Pygmalion. Mais d'où vient-il et comment influence-t-il nos comportements et nos performances ? Aujourd'hui, nous examinons les mécanismes et l'impact de ce puissant effet psychologique.
Publié le 1er juillet 2024 | Mis à jour le 5 décembre 2025
L'effet Pygmalion, également appelé " effet Rosenthal ", est un concept en psychologie sociale selon lequel les attentes que l'on place sur une personne influencent directement son comportement et ses performances. En d'autres termes, lorsque nous pensons qu'une personne est particulièrement douée ou vouée à réussir, nos attitudes et nos comportements envers elle ont tendance à l'encourager, parfois inconsciemment, à développer son potentiel et à répondre à ces attentes.
Le terme " Pygmalion " fait référence à la mythologie grecque. Pygmalion, roi de Chypre, était également un sculpteur talentueux. Il tomba amoureux d'une statue qu'il avait façonnée à l'image de la femme idéale. Ému par la force de son désir, la déesse Aphrodite donna vie à la statue. Cette métaphore illustre la puissance du regard et de la croyance que l'on porte sur un individu : nos représentations mentales peuvent influer sur la réalité au point de la transformer.
Le concept d'effet Pygmalion a été formalisé dans les années 1960 par le psychologue Robert Rosenthal et la directrice d'école Lenore Jacobson. Leurs travaux ont consisté à mener une expérience dans une école primaire.
Ils ont fait passer un test de QI à tous les élèves puis, sans vraiment se baser sur les résultats, ont identifié de manière aléatoire certains élèves comme ayant un " fort potentiel intellectuel ". Les enseignants, convaincus de la " supériorité " de ces élèves, leur ont accordé davantage d'attention, un feedback plus constructif et un soutien plus personnalisé. Quelques mois plus tard, un nouveau test de QI a montré que le groupe des soi-disant " fort potentiels " avait obtenu de meilleurs scores que les autres enfants, alors qu'ils n'étaient pas forcément plus doués au départ.
Cette étude marqua l'importance du regard qu'un enseignant, un parent ou tout autre mentor (et donc également un manager) peut porter sur un individu. Plus l'attente d'excellence est forte et positive, plus la personne se trouve poussée à améliorer ses performances et à croire en ses propres capacités.
Pourquoi nos attentes exercent-elles une influence si puissante ? Plusieurs mécanismes inconscients entrent en jeu :
Si l'effet Pygmalion peut être un formidable levier de développement personnel et collectif, il est également doté d'une contrepartie négative : l'effet Golem. Celui-ci décrit la situation inverse où des attentes faibles ou négatives envers un individu risquent de plomber ses performances et son estime de soi, créant là aussi une prophétie autoréalisatrice.
De plus, l'effet Pygmalion ne garantit pas systématiquement que les capacités ou la motivation d'une personne se déploieront mais il rappelle à quel point la confiance, l'encouragement et la bienveillance peuvent influer sur le parcours d'une personne. Qu'il s'agisse d'éducation, de management ou de relations familiales, nos croyances et nos attitudes ne sont pas de simples opinions : elles agissent comme un miroir dans lequel l'autre se découvre, se forge ou parfois se limite.
Prendre conscience de ce phénomène, c'est comprendre la responsabilité que nous portons dans le développement et la réussite de ceux qui nous entourent. En cultivant des attentes positives et en offrant un environnement de soutien, nous faisons bien plus que constater la réussite : nous participons activement à la faire advenir.
Au quotidien, rappelons-nous qu'en valorisant le potentiel d'autrui, nous donnons à chacun la chance de révéler le meilleur de lui-même. Et si le mythe de Pygmalion nous enseignait à considérer le pouvoir transformateur de nos croyances, tant pour les autres que pour nous-mêmes ?
© Quasar Lille
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