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Faut-il douter de tout ?

Manager, Équipe, Collaborateurs.
Publié par DL · 4 Mars 2020
Tags: Développement personnelSociétéPhilosophieCoachingPsychologie
L'esprit critique est une arme face aux fausses évidences. Mais à douter de tout, on court le risque de sombrer dans l'ignorance totale. Alors à qui et à quoi se fier ? Comment développer l'autodéfense intellectuelle ?

Enfants, nous croyons spontanément nos parents qui en profitent pour nous faire croire au Père Noël. Plus tard, nous découvrons petit à petit à nos dépens que le monde grouille de menteurs et de charlatans. Nous apprenons alors à douter des autres, y compris des personnes dites "expertes" ou qui font figure d'autorité, à la faveur de faits d'escroqueries d'experts et de scientifiques repris dans les grands médias.


Le dessin du bonhomme

Si je ne peux me fier aux autres, qu'à cela ne tienne : je n'écouterai que moi ! Nous avons parfois des intuitions fortes, des certitudes explosives. Par l'expérimentation directe, par exemple, ne puis-je pas tout simplement constater, sans avoir recours à l'avis d'un autre possiblement menteur, possiblement dans l'erreur, qu'un remède est efficace ou qu'un stratagème fonctionne ?

Nous avons tous des convictions inébranlables issues de notre expérience personnelle. Peut-on s'y fier ? En 1967, Jean et Loren Chapman, de l'université du Wisconsin, publient une étude désormais célèbre autour d'un test qu'utilisent parfois les psychologues pour enfants : le dessin du bonhomme. Il consiste à demander de dessiner un personnage. Beaucoup de psychologues praticiens pensaient alors que le dessin du bonhomme indiquait le développement moteur et intellectuel du patient ainsi même que des caractéristiques de sa personnalité. De nombreux experts avaient cru remarquer que les enfants souffrant de problématiques paranoïaques avaient tendance à dessiner les yeux de manière bien plus détaillée que les autres.

Et les experts n'étaient pas les seuls à croire que le dessin reflétait la personnalité des enfants. Les Chapman ont ensuite créé des fiches présentant des dessins associés à des descriptions. Par exemple, quand le personnage était dessiné avec une grosse tête, les "experts" indiquaient que le patient était "préoccupé par son intelligence". Vaste connerie invalidée bien plus tard par quatre études successives.


Les corrélations illusoires

La morale de cette histoire est que nous sommes tous enclins à observer des relations qui n'existent pas, simplement parce qu'elles font sens. Nous croyons voir dans le monde des corrélations en réalité illusoires, y compris dans nos domaines de compétences ! Mieux vaut alors douter non seulement des autres, mais aussi de nous-mêmes, et n'accorder de crédit qu'à ce qui est bien démontré par des arguments solides, non ?

Cela peut sembler une excellente idée, mais il nous est nous-même difficile de juger de la pertinence d'un argument logique. Ne serait-ce que parce que cela suppose usuellement des connaissances qui nous font défaut. Chaque discipline développe sa propre logique, et une preuve solide en gestion comptable n'a pas beaucoup de rapport avec une preuve solide en gestion de ressources humaines, par exemple. Les méthodes diffèrent, les arguments aussi. De l'extérieur, il est difficile de bien mesurer la portée d'un argument dans un domaine qui nous est peu familier. D'autre part, les erreurs de logique sont nombreuses et il est parfois malaisé de les déceler. Les fameux sophismes, arguments fallacieux d'apparence logique, foisonnent et sont utilisés par des manipulateurs.

Faut-il alors douter de presque tout, sauf des quelques résultats qui, dans un étroit domaine de compétences, sont appuyés par des preuves indubitables ? C'est la tentation des sceptiques. En philosophie, dans l'antiquité, le scepticisme était la voie de la sagesse. Il faut reconnaître que nous ne savons rien avec certitude et que dès lors, le mieux est de suspendre son jugement et de n'affirmer rien. Timon de Phlionte, disciple de Pyrrhon, enseigne que la suspension du jugement mène à l'aphasie (on n'affirme plus rien), puis à l'ataxie (le bonheur de n'avoir aucun trouble). Rien que ça !
 
Si cette posture philosophique peut sembler sage, elle n'est guère tenable en pratique. Difficile en effet de vivre sans croyance sur quelque sujet que ce soit, en renonçant à toute connaissance ou jugement.  Comment alors trancher entre deux avis contraires ? L'immobilisme guette. Pour autant, les avantages du doute sont indéniables : ne pas succomber aux sirènes des manipulateurs, ne pas se tromper ; mais le prix à payer est pesant : l'ignorance totale. Le rejet de toute confiance, que ce soit en l'autre quel qu'il soit, en son propre jugement et même en tout argument logique, abolit la raison et empêche d'agir.

Pour conserver les avantages du scepticisme sans payer le prix de l'ignorance, il faut développer l'art d'un doute raisonnable : l'esprit critique.


L'art de l'esprit critique

Plutôt que de renoncer à toute confiance, nous tenterons plutôt de réguler sagement notre confiance en fonction de la fiabilité de la source, de l'argument ou de notre jugement. C'est ce que proposent aujourd'hui les successeurs modérés dans ce qu'ils appellent l'esprit critique, la zététique ou comme moi, l'autodéfense intellectuelle. Contrairement à la position de Pyrrhon, l'art du doute réfute une version ternaire des connaissances selon laquelle concernant une hypothèse, on ne peut qu'être certain qu'elle est vraie, ou bien qu'elle est fausse, ou bien ignorant à son sujet.

En réalité, la recherche en psychologie montre que la croyance humaine se développe selon un continuum : nous n'adhérons jamais totalement à nos croyances. Nous attachons à chacune d'elles un niveau de fiabilité qu'on peut comprendre comme une probabilité. Par exemple, il se peut que, sans aucune idée sur l'efficacité somnifère de la verveine, je suspende simplement mon jugement, attribuant en quelque sorte une valeur de 50% à la probabilité associée. Mais toute autre valeur est possible  je peux croire à un certain degré aux extraterrestres et tout en y croyant, je peux tout à fait refuser de parier cher sur cette croyance, n'y adhérant que partiellement.

La thèse des pyrrhoniens consiste à dire qu'il existe toujours des arguments pour et des arguments contre une hypothèse donnée, que par conséquent nous ne pouvons aboutir à une certitude absolue et qu'il faut donc suspendre son jugement en toute chose. Les défenseurs de l'esprit critique, ou autodéfense intellectuelle, acceptent les deux premiers points et le fait qu'une certitude absolue est difficilement atteignable. Pour autant, ils n'en concluent pas qu'il faille renoncer à prendre position, même si cette position est nuancée. En revanche pour qu'elle soit raisonnable, il faut qu'elle s'accorde à la fiabilité des différents arguments.

Plutôt que de suspendre son jugement sur toute chose au motif qu'aucune certitude n'est possible, réglons notre degré d'adhésion finement, en prenant en compte fiabilité, risque d'erreur, sans refus de faire confiance aux autre et à soi. Dans cet esprit, la raison nous conduit à un ajustement du niveau de confiance et de croyance. C'est précisément sur ce calibrage que le coaching est un outil puissant.


Coaching et autodéfense intellectuelle

D'abord, accepter et prendre en compte le risque : nous admettons qu'il n'est pas de connaissance parfaite. Même le consensus scientifique peut sombrer dans l'erreur, les expériences les mieux pensées peuvent toujours avoir un défaut qui nous échappe. Croire, c'est toujours courir le risque acceptable de se tromper. Croire c'est tester, c'est tenter.

Ensuite, accepter de réviser ses croyances chaque fois qu'une nouvelle information, qu'un nouvel argument raisonnable se présente. Visant l'autonomie intellectuelle du client, le coaching ne peut qu'être sur cette voie de calibrage. Il y a dans cet art de la calibration lors d'un coaching, quelque chose de l'esprit scientifique, quelque chose de l'esprit journalistique aussi. Quelque chose qui se transmet et s'apprend également, c'est ma certitude.

Faut-il douter de tout ? Ce qui compte finalement, c'est la confiance que nous accordons, confiance dont le niveau doit être raisonnablement ajusté et qui nous amène à réviser nos opinions de manière optimale. Le coaching conduit à un ajustement du niveau de confiance et de croyance.

D.L - Quasar Coaching


Pour aller plus loin :
*Sciences Humaines, n°323, 2020
Nicolas Gauvrit et Audrey Bedel, laboratoires Cognitions humaine et artificielle
Ecole pratique des hautes études.
*Des têtes bien faites.
Nicolas Gauvrit et Sylvain Delouvée. Puf, 2019
*Genesis of popular but erroneous psychodiagnostic observations
Loren et Jean Chapman vol LXXII, n°3, 1967
*Pyrrhon ou l'apparence
Marcel Conche, Puf, 1994
*Critical thinking. Why it is so hard to teach ?
Daniel Willingham, American Educator, 2007




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